Peut-on apprendre à jouer de la trompette sans solfège ?
Cette question récurrente m’a souvent été posée en début d’année lors des inscriptions aux cours de trompette dans mon école de musique.
Avant de continuer notre analyse, vous trouverez en fin d’article un Guide gratuit en téléchargement sur les bases du Solfège ainsi qu’un outil fort utile pour travailler sa trompette avec son ordinateur.
Analysons d’abord pourquoi on nous pose cette question ?
On entend souvent dire que le solfège ou la théorie musicale sont difficiles à apprendre, contraignants et à vous dégouter parfois de la musique, surtout pour les jeunes apprentis trompettistes.
L’erreur commise par certaines écoles de musique est de commencer à faire apprendre le solfège pendant un an avant l’apprentissage de l’instrument. Cela reviendrait à apprendre à lire et à écrire le français avant même d’apprendre à parler. Bizarre me direz-vous ?
Qu’est-ce que le solfège ?
Avant de juger son utilité, nous allons comprendre d’abord à quoi cela sert.
Le solfège est une méthode d’apprentissage de la musique faite d’exercices de lecture de partition. L’interprétation d’une partition musicale passe par la lecture, la reproduction des hauteurs et la réalisation des rythmes.
Le solfège permet de coucher sur le papier principalement la mélodie, le rythme et les accords. On y ajoute aussi en description le style et le tempo.
Avant l’apparition du « Phonographe » ! Premier système de reproduction du son en 1877. Il n’existait pas de moyen autre que la mémorisation par transmission orale ou … par l’écriture musicale. Autrement dit: « La Partition ».
Un moine italien au XI siècle inventa l’écriture musicale dans le but de faciliter l’enseignement du chant aux autres moines de son monastère.
Suivez ce lien pour voir les méthodes de solfège que je vous conseille !
Alors, peut-on oui ou non apprendre la trompette sans connaitre une seule règle de solfège ?
Plutôt que de vous imposer ma réponse, qui, à la lecture de cet article, est déjà toute trouvée, je vais vous donner des raisons d’apprendre le solfège pour jouer de la trompette.
- Le solfège est une écriture universelle: où que vous soyez dans le monde, vous pourrez partager votre musique et découvrir d’autres cultures musicales.
- En travaillant le solfège une à deux heures par semaine, il ne vous faudra pas plus de quelques années pour en connaitre les grandes lignes.
- Connaitre le solfège vous permettra d’apprendre à jouer d’autres instruments beaucoup plus facilement et rapidement que si vous ne le connaissiez pas.
- Le solfège permet d’apprendre un autre langage: vous améliorez votre intelligence, votre mémoire visuelle et votre oreille.
- Apprendre le solfège permet de découvrir une nouvelle dimension: vous n’écouterez plus la musique de la même façon. Vous pourrez ainsi analyser chaque morceau ou son que vous entendrez.
- En connaissant le solfège, vous jouerez toutes les partitions qui vous passeront devant le nez sans perdre de temps à chercher les notes et les doigtés, sans écouter et apprendre par coeur la mélodie.
- Vous pourrez jouer dans tous les groupes ou orchestres que vous voudrez.
- Si votre rêve est de devenir musicien et de partir en tournée nationale ou internationale, la question ne se pose même pas.
- Maîtriser le solfège vous apportera une crédibilité et une reconnaissance dans la grande famille des musiciens. Vous pourrez composer et arranger des morceaux et peut-être vous inscrire en tant qu’auteur/arrangeur – compositeur à la Sacem et toucher des Royalties.
Je vais essayer de vous donner des raisons d’apprendre à jouer de la trompette sans solfège.
Personnellement, j’ai appris le solfège depuis mon plus jeune âge et je ne serai peut-être pas objectif dans la suite de mes propos:
- L’apprentissage du solfège est long et complexe: vous n’avez que peu de temps à consacrer à l’apprentissage de la musique ? Vous avez un peu d’oreille et vous êtes plutôt manuel ? Vous arriverez donc à peut-être vous faire plaisir, mais le chemin sera long et chaotique. Surtout si vous jouez avec d’autres musiciens !
- À partir du moment ou vous avez débuté la trompette sans solfège, vous vous sentirez vite limité et on vous posera toujours la question: « Mais tu sais lire la musique ? »
- Si vous avez une bonne mémoire musicale, alors le clairon est un instrument à envisager.
- Après avoir appris la trompette sans solfège, vous vous rendrez bien vite compte de son utilité. Au bout d’un an ou deux, si l’instrument vous plaît et si vous souhaitez toujours continuer, vous finirez inévitablement par contacter un professeur de trompette ou de solfège qui vous apprendra au moins les rudiments et les bases de la lecture de notes et des rythmes.
- Enfin, pour arriver à un certain niveau de trompette, le temps que vous passerez à apprendre la trompette sans solfège est aussi long à niveau égal que d’apprendre la trompette avec le solfège. Cela ne vaut vraiment pas le coup de vous prendre la tête à ce point.
Vous l’aurez compris, je ne suis pas partisan de jouer de la trompette sans connaître le solfège. J’ai demandé à plusieurs de mes collègues de me donner une seule bonne raison et personne n’a réussi à en trouver une valable.
Comme promis, voici le guide de solfège gratuit
Cliquez sur l’image pour télécharger le fichier PDF ou Cliquez droit et enregistrer sous…
Un lien très intéressant également pour avoir un métronome en ligne
Vous jouez la trompette sans avoir appris le solfège ? Merci de laissez en commentaire votre sentiment sur ce sujet ! Quelles sont vos difficultées principale ? Etes vous à l’aise dans votre jeu de trompette et dans l’étude d’un morceau de trompette ?
Je ne pense pas exactement comme vous. Je suis allé à une formation avec le professeur de trompette de Nantes, Jean-Jacques Metz. Il propose quelque chose de différent. Je ne dis pas qu’il propose d’apprendre sans solfège, mais plutôt différemment. Peut-être une piste à explorer.
Amicalement.
Merci Vincent pour ton commentaire !
Pourrais-tu nous en dire plus sur cette manière « différente » ?
Bonjour, personnellement je pense que le solfège a son utilité. Quand on joue tout seul par exemple, on peut certainement sans passer, mais jouer dans son coin devient vite lassant et la musique est selon moi faite pour être partagé, donc si on veut jouer avec d’autres musiciens, le solfège est un passage obligé.
Pour ma part je ne suis pas encore trompettiste, mais je vais bientôt me lancer en autodidacte en apprenant bien sur le solfège. Si je le fais sans professeur, c’est parque je joue justement de la guitare depuis 3 ans en autodidacte, et je suis plutôt satisfaite de mon niveau. Si je me lance dans les cuivres maintenant, c’est seulement parce que je suis une passionnée de musique, au point de vouloir apprendre et jouer de plusieurs instruments.
Musicalement, Flow.
Comme toujours, il faut savoir ce que l’on veut faire, ce que l’on peut faire, et à quelle échéance on voudrait pouvoir le faire.
La plupart des instrumentistes, même non professionnels, pensent nécessaire l’apprentissage du solfège. Or :
(a) si l’on veut simplement jouer sans autre prétention que de se faire plaisir, on peut se contenter de jouer « d’oreille » et apprendre « sur le tas » de nombreux morceaux. On peut même progresser assez loin. Armstrong, ainsi que bien d’autres artistes, ont commencé à jouer sans rien connaitre du language musical.
(b) si l’on veut « faire carrière », il est évident que la connaissance du solfège (ainsi que d’autres sujets connexes) est indispensable. On ne peut jouer avec précision certaines pièces concertantes sans une connaissance des règles.
Cependant, et selon le niveau acquis, le fait d’associer solfège et « technique » dans l’apprentissage de la trompette n’est pas obligatoire. C’est généralement pratiqué avec de jeunes enfants (disons jusqu’à 15 ans), pour des raisons pédagogiques qui ont certes leur intérêt. Mais ceci est inutile pour toute personne connaissant le language et ayant pratiqué un autre instrument.
De plus, je ne partage pas vraiment l’opinion que le solfège est difficile à apprendre : c’est un language, et c’est un language différent … c’est tout.
On peut établir le parallèle suivant avec le domaine de la linguistique. Ainsi, il est très possible d’apprendre (plus ou moins rapidement) le chinois, et de converser « confortablement » avec des chinois, sans connaitre cette langue ni ses idéogrammes. Cependant, on aurait de sérieuses difficultés à préparer une thèse de poésie chinoise avec ce seul bagage … Ce parallèle souligne implicitement la différence entre le niveau des connaissances et l’étendue des connaissances : sous l’angle de l’étendue, on peut penser au cliché comparant le vocabulaire de la bonne espagnole (~600 mots) avec celui de l’académicien (~10 000 mots).
En conclusion, si l’on ne cherche qu’à jouer rapidement et sans prétention particulière, la connaissance du solfège ne s’impose pas. Elle peut même éventuellement s’induire de la pratique de l’instrument, à force de se concentrer sur les hauteurs ou durées de notes, sur les rythmes et intonations diverses : ces « repérages » pourront sans doute rendre plus aisé l’apprentissage ultérieur du language. Ainsi, les bébés parlent (plus ou moins habilement) avant même d’écrire ou de lire.
Par contre, si l’on veut vraiment s’intéresser à la culture musicale en général et à l’instrumentation en particulier, il n’y a pas photo : il faut des bases solies pour construire.
Ce qui vient d’être évoqué est d’ailleurs valable pour n’importe quel instrument …
Cordialement musical, JAM
Merci Jean-Alain pour votre commentaire très pertinent ! Tout est dit !
Bonjour. Je ne suis pas encore trompettiste je suis flutiste , je suis au conservatoire de musique de La Louviere (BELGIQUE) j’aime la trompette aussi mais pour d’autre répertoires .
j’aimerais répondre au sujet du solfége :Pour moi personnellement que ce soit pour la trompette ou tout autres instruments de musique le solfége est un plus… voir une indispensabilité.
merci de m’avoir lu
Bonjour,
Quel article polémique ! Tant mieux si ça permet l’échange constructif.
Pour ma part, je suis professeur de musique hors conservatoire et j’enseigne en transmission orale. Je joue de la clarinette.
Déjà, je voudrais écarter l’idée souvent entendue que la transmission orale ne sert que pour les « musiciens du dimanche ». La plupart des grands jazzmen du début du XXè siècle jouaient essentiellement d’oreille, pour le résultat que l’on connait. Et allez écouter des musiciens qui pratiquent les musiques populaires, vous aurez une écoute et une réactivité que l’écrit ne permet pas d’apprendre.
Mon avis est que les deux approches sont complémentaires, mais aussi vont permettre de jouer différemment. Impossible de faire du symphonique uniquement à l’oreille, les évolutions sont trop rapides. Par contre, travailler le morceau à l’oreille après lecture permettra aux musiciens d’être plus à l’écoute du groupe et du chef de choeur.
Pour ce qui est du jazz, des musiques contemporaines ou traditionnelles, dont la structure de base est la boucle, le jeu à l’oreille va permettre de développer les possibilités de jeu, l’idée étant de ne jamais jouer deux fois la boucle de la même façon (j’avais une élève sortie de conservatoire, excellent son, excellente maîtrise de l’instrument, mais qui jouait toujours la même boucle, au bout de trois fois elle s’ennuyait. L’autre élève ayant appris en oral jouait 7 ou 8 fois la boucle et se plaignait d’arrêter si tôt). Ici l’écrit sert plutôt d’aide mémoire dont on essaye de se détacher au plus vite.
Je remarque tout de même qu’en conservatoire seul le classique et le jazz écrit sont de la musique sérieuse, le reste étant du passe-temps amusant.
Enfin, j’enseigne une forme de solfège « pratique » en cours (le nom des notes, des rythmes, des modes…) non lié à la lecture, comme on trouve une forme de grammaire normative (les règles) et une forme descriptive (comment on utilise les mots pour s’exprimer).