Comment obtenir la respiration naturelle à la trompette.
Nous avons vu la dernière fois comment jouer des notes à la trompette et nous allons maintenant travailler sur la décontraction et la respiration naturelle pour améliorer notre jeu de trompettiste.
Ce cours de trompette va se décomposer en cinq parties:
- des exercices de respiration
- la respiration par la décontraction
- la décontraction avec le chant
- la décontraction avec l’embouchure
- application de la décontraction avec la trompette
1/ Exercices de respiration
Le but de ces exercices n’est pas d’apprendre à respirer pour jouer de la trompette. Il servira dans l’exercice deux pour maitriser et appliquer la décontraction pour l’inspiration naturelle.
a – Exercice de respiration 1
Le premier exercice n’en est pas vraiment un car il consiste à s’allonger et à visualiser ce qu’il se passe quand nous respirons. Je vous invite à vous allonger bien confortablement et à fermer les yeux, laissez-vous aller à rêvasser et au bout de quelques dizaines de secondes, regardez comment votre corps se comporte quand vous respirez. Ou plutôt, comment votre corps fait-il pour vous faire respirer. Comme on parle ici de respiration naturelle, il ne faut pas faire exprès de respirer, votre corps le fait toute la nuit pour vous.
Je vais essayer de vous décrire simplement mes sensations. En réalité, je ne ressens pas grand-chose hormis le diaphragme qui travaille tout seul pour me faire respirer, puis il arrête son action (il se décontracte) et mes poumons se dégonflent et ainsi de suite. Essayez de mémoriser physiquement ce mouvement puis passez à l’exercice suivant.
b – Exercice de respiration 2
Mettez-vous maintenant debout, les jambes légèrement écartées et les mains dans le creux des hanches. Ouvrez grand votre bouche et votre gorge et essayez de vous détendre comme dans l’exercice précédent. Votre cerveau ne doit pas dire à votre corps de respirer, laissez-le faire tout seul. Le ventre se gonfle et se dégonfle naturellement sans aide de votre part. Si vous inspirez intentionnellement, vous allez actionner la « respiration haute », vos épaules montent, c’est celle qu’il ne faut pas faire pour notre instrument. À ce moment-là, c’est votre cerveau qui actionne la machine et non pas votre corps.
Bien, si vous y arrivez correctement, le fond de votre gorge ressent l’air frais de l’inspiration naturelle et vous avez envie irrésistible de bailler.
Maintenant, nous allons apprendre à maitriser cette façon d’inspirer en augmentant la prise d’air. À chaque inspiration, essayez d’accompagner la descente de votre diaphragme encore plus profondément. Vous devez sentir l’arrière du bas de votre dos se gonfler.
c – Exercice de respiration 3
L’exercice suivant est le même que le précédent sauf que votre buste doit se pencher à l’horizontale. Vous êtes maintenant en équerre, les mains toujours sur le creux de vos hanches et les jambes légèrement écartées. Respirez toujours de la même façon, bouche grande ouverte.
Le fait de faire cet exercice en étant penché démultiplie les sensations de gonflement et vous ressentez de la puissance au niveau de votre bas-ventre et au bas de votre dos.
Essayez de vous décontracter le plus possible lors de l’inspiration. Vous pouvez essayer aussi accélérer l’inspiration et augmenter votre quantité d’air.
d – Exercice de respiration 4
Le dernier exercice de respiration se pratique avec une chaise, les fesses posées sur le rebord de la chaise, les mains et les coudes joints et les avants-bras posés sur les cuisses. Votre buste est donc posé sur vos jambes et vos bras bloquent votre cage thoracique. Si vous n’arriviez pas à ressentir la respiration basse, c’est cet exercice qui vous le fera ressentir. Il en résulte donc, lors de l’inspiration, une augmentation encore plus significative de la pression au niveau du ventre et du bas du dos. On sent encore plus la force qui réside en nous.
Faites toujours ses exercices avant votre séance de travail, c’est une très bonne « chauffe » pour se mettre dans de bonnes conditions de jeu.
2/ La respiration par la décontraction
Maintenant que nous connaissons la manière dont l’inspiration doit fonctionner, nous allons l’adapter pour notre jeu de trompette.
Nous savons qu’il n’est pas nécessaire de respirer pour faire un son à la trompette. Nos poumons au repos contiennent suffisamment d’air pour jouer un son d’une dizaine de seconde à peu près.
Test de décontraction
Voici un petit test de décontraction facile à réaliser, si une personne est présente à côté de vous pour vous aider dans ce test, c’est d’autant mieux. Sinon, seul, c’est aussi possible. C’est un petit exercice que je fais avec mes jeunes élèves pour leur faire prendre conscience de ce qu’est la décontraction. Levez un bras à l’horizontale et demandez à votre ami de vous le maintenir dans cette position. Relâchez complètement votre bras et laissez votre ami le maintenir dans cette même position horizontale. Votre ami devra vous lâchez le bras et il devra tomber de tout son poids sans aucune retenu de votre part. Ce test est réussi si vous vous relâchez entièrement, votre bras est inerte, il tombe comme un objet lâché de la hauteur de votre main. Si vous retenez, même un petit peu votre bras en l’accompagnant dans sa descente, ce test aura échoué, car vous n’êtes pas assez décontracté, il vous faut encore plus lâcher prise.
3/ La décontraction avec le chant
A la base, nous sommes des animaux et je vais vous demander de redevenir un primate à nouveau. Nous allons émettre un son d’animal comme si vous n’aviez jamais appris à parler.
Sans vous préparer, sans articuler et sans bouger votre bouche, vous allez émettre un son primaire qui va naître de votre corps. Recommencez quelquefois et admirez la beauté du son 😉
Logiquement, vous pouvez ressentir que votre ventre est beaucoup plus sollicité que d’habitude.
Bien, maintenant que vous savez beugler 🙂 nous allons nous concentrer sur la décontraction. En effet, le diaphragme se contracte et se relâche pour faire ce son.
Sans respirer toujours, émettez ce son puis quand vous n’avez plus d’air, relâchez votre diaphragme complètement (comme l’exercice du test de décontraction) en laissant la bouche ouverte, c’est très important. L’inspiration devrait se faire automatiquement et sans que vous n’ayez besoin de la créer intentionnellement. Surtout ne respirez pas intentionnellement, rappelez vous du test avec le bras pour comparer votre rapidité de décontraction.
Pour savoir si votre décontraction est réussie, il ne doit pas y avoir d’arrêt ou de coupure entre l’émission du son et l’inspiration naturelle (la décontraction). C’est automatique, on arrête de chanter: « ça respire tout seul » et par la bouche s’il vous plaît.
Quand vous avez réussi cet exercice, essayez maintenant d’enchainer plusieurs sons d’affilé. C’est à dire:
- émettre le son (sans respirer préalablement)
- décontraction à la fin du son
- dès la fin de la décontraction, ne respirez pas intentionnellement, recommencez le son illico !
- etc… en boucle… « sa chante » « sa respire » « sa chante » « sa respire » etc…
4/ La décontraction avec l’embouchure
Cet exercice est exactement le même que le précédent sauf que l’on remplace le chant par le buzz de l’embouchure.
Le buzz ne doit pas être joli ou appliqué, il sert seulement à travailler la décontraction je le rappelle, focalisez-vous uniquement sur cela !
5/ Application de la décontraction avec la trompette
Maintenant que vous avez appris à inspirer naturellement par la décontraction. Nous allons appliquer cette technique avec la trompette.
Prenez pour cela un morceau facile que vous connaissez parfaitement ou allez télécharger ma partition de trompette gratuite sur l’exercice sur les poses de son.
Positionnez-vous correctement et commencez le morceau sans respirer, seulement avec l’air que vous avez dans vos poumons, vous allez être surpris de la longueur de jeu que vous pouvez faire sans « prendre de l’air ».
Dès que vous sentez que vous êtes à bout de souffle, ne respirez pas mais décontractez-vous ! en effet, nous n’avons plus besoin maintenant de respirer avec cette technique.
« ça respire tout seul » comme disait Maître Robert Pichaureau.
Plus besoin d’y penser, c’est magnifique !
Ne vous embêtez pas avec le tempo, si votre décontraction doit durer une ou deux secondes de plus, rajoutez le temps nécessaire dans votre phrase musicale pour que votre décontraction soit complète.
À partir du moment ou votre diaphragme a cessé de bouger (de se décontracter), vous recommencez à jouer illico avec la même technique que l’exercice du chant animal vu plus haut dans cet article.
Et ainsi de suite. Ne prenez pas d’air, ne respirez pas, ne forcez pas, laissez jouer votre corps, n’écoutez pas le son qui sort de votre instrument, ce n’est pas le but de cet exercice, focalisez-vous uniquement sur vous-même, votre ventre, du bas-ventre au bas du sternum. Les trompettistes sont des machines à dérouler de l’air chaud… Vous êtes comme une machine qui s’allume et qui s’éteint à la manière d’un compresseur en appuyant sur ON ou OFF.
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Ce cours de respiration est maintenant fini. Essayez de l’appliquer à chaque fois que vous jouez de la trompette. Le plus dur au début est d’arrêter de respirer intentionnellement avant de jouer. Quand vous maîtrisez la technique, accompagnez votre décontraction et augmentez la quantité d’air pour évidemment jouer des phrases plus longues.
Ces exercices sont assez difficiles à expliquer sans avoir la personne en face de soi , si vous ne comprenez pas un exercice, vous pouvez me contacter ou poster un commentaire pour m’aider à améliorer ce cours de trompette.
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Bonsoir bonne nuit ou bonjour suivant l’heure de lecture.
Je vous remercie pour l’excellent outil de travail que vous offrez avec votre site. J’ai 53 ans révolu, j’ai arrêté de jouer de la trompette depuis … 33ans. J’ai recommencé depuis quelques mois, en essayant de repartir à zéro pour éviter toutes les mauvaises habitudes. Mais comme il me restait quelque chose, j’ai fait un doux et relativement mauvais mélange de tout cela. Bref, grâce à vos exercices de respiration, j’ai assimilé la respiration naturelle.. pardon; j’ai compris que mon corps faisait une grande partie du travail tout seul et que je pouvais jouer avec cet air fournis. Vous avez fait un travail considérable. J’apprécie grandement cela. D’autre part j’ai voulu télécharger vos secrets pour améliore mon jeu (si c’est possible avec un vieux cheval comme moi) Mais malheureusement, je n’ai pas reçu le lien par e-mail. Peut-être est-ce le fait que j’habite en Suisse?
En tout les cas, bravo et merci encore.
Meilleures salutations.
Christophe
Explications géniales ,je suis débutant et je vais souvent vous relire.
Merci.
Bruno.
Bonjours , excellente explication sur l’inspiration ,mais pourriez-vous donner d’avantages de détails en ce concerne l’expiration.
merci ,amicalement marc.
J’ai 2 trompettes. J’ai épuisé toutes les documentations qui pouvaient me permettre de souffler dans une trompette, et voilà que je trouve par hasard votre méthode de respiration par la décontraction c’est merveilleux. Merci
Bonjour, et merci pour votre blog, qui est une mine d’informations précieuses.
J’ai eu quelques cours de soufflerie selon la méthode Pichaureau avec Robert Astre il y a quelques années et cet article en est un excellent résumé.
Je me souviens qu’il me conseillait d’effectuer plusieurs expirations complètes (vider totalement les poumons, jusqu’à ne plus pouvoir émettre le moindre son avec ses cordes vocales) en début de séance, afin de détendre le diaphragme. Chose que j’avais oubliée et retrouvée par hasard sur cette vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=oGm1MAT-ttQ) qui explique exactement les mêmes choses: expirer à fond, attendre quelques secondes puis se détendre et se laisser inspirer. Que pensez-vous de cet exercice? A la fin de l’expiration, faut-il détendre les muscles et bloquer l’air avec sa gorge? Ou seulement retenir l’air avec ses muscles en gardant la gorge ouverte?
Bonjour Sylvain, et merci à vous de l’apprécier, c’est fait pour !
Votre lien vidéo ne fonctionne apparemment pas 😉 envoyez moi un mail avec le bon lien et je le modifierai
Les temps morts entre les inspirations et expirations sont sources de contractions, je ne les préconises pas mais les exercices sont tous bon pour certains ou mauvais pour d’autres, chacun doit voir s’il est bénéfique pour lui.